

--------Depuis sa création en 1978 au Palais des Congrès, l’opéra-rock de Michel Berger et Luc Plamondon connaît un succès phénoménal.
Les salles dans lesquelles se produisent les troupes successives ne désemplissent pas depuis plus de 20 ans ! ! !
« est une oeuvre intemporelle » a dit Luc...
--------Cependant, pour défier les années, les auteurs ont dû régulièrement retravailler et modifier le spectacle...
--------Outre les chanteurs (bien-sûr) et la mise en scène de plus en plus musclée, le livret a été considérablement modifié entre les 3 versions françaises que nous connaissons...


--------En remontant en 1988 au théatre de Paris puis au théatre Marigny une nouvelle production de  (avec entre-autres Maurane et Renaud Hantson), Michel Berger et Luc Plamondon ont totalement réétudié le livret du spectacle. Des personnages, des scènes, des chansons ont disparu... L’ordre du spectacle a été complètement bouleversé.
Durée du spectacle
Le spectacle qui durait initialement près de 2h30 est réduit à 1h50...
Les personnages
- En 1978, lors de sa création, l’opéra-rock comportait 9 personnages centraux autour desquels tournait toute l’histoire.
En effet, en 1978, contre Zéro Janvier, fervent partisan extrémiste de l’édification du nouveau monde atomique et de la sur-modernisation, se dressait son extrême, un Gourou prêchant le retour à la vie naturelle...
Bref, un écolo en herbe ! («L’Univers de demain n’aura plus rien d’humain»)
En 1988, ce personnage manquait à l’appel ! Exit donc le Gourou Marabout, adversaire de Zéro Janvier, interprété dans la version originale par le chanteur Roddy Julienne qui restera donc l'unique Gourou Marabout de l'histoire de ! (et qui maintenant a mis son talent au service de Notre Dame de Paris dans le rôle de Clopin !)
- D’autres petits rôles secondaires de la version 1978 ont été supprimés dans la nouvelle production épurée de 1988 : citons entre autres, les parents de Cristal, les clients de l’Underground Café, la speakerine, les conseillers de Zéro Janvier ou la dame de compagnie de Stella Spotlight.
- Notons enfin que Zéro Janvier met de l'eau dans son vin entre la version 79 et la version 88... Il devient moins... extrême ! En 1979, il prône ouvertement le racisme en affirmant : "cessons de nous ruiner pour le Tiers-Monde qui nous remerciera bientôt avec des bombes ; assurons d'abord la survivance de la race blanche...". En 1988, il est moins tranchant et se contente de souhaiter "NOTRE survivance"...
Bref, épuration et sobriété résument bien la transition 1978-1988.
Les chansons
- Beaucoup de chansons et de scènes sont supprimées du livret pour alléger le spectacle et accroître le rythme.
Bye bye donc « La serveuse et les clients », « Paranoïa », « Sex-shops, cinémas pornos », « On était des vieux si heureux », « Le tango de l’amour et de la mort »...
- Les chansons survivantes sont pour la plupart raccourcies : beaucoup perdent 1 couplet entier !
Besoin d’amour perd son second couplet :
« Avec lui, j’ai envie de danser pieds nus dans la lumière... »
Le télégramme de Zéro à Stella perd la moitié de son texte :
« Vous entrerez dans Monopolis par la porte d’occident »
Les uns contre les autres perd son dernier couplet. (qui était en fait la reprise du 2nd)
Quand on n'a plus rien à perdre perd lui aussi son second couplet :
« Quand on choisit sa vie, il faut la vivre jusqu’au bout »
Disc-Jockey’s song est clairement réduit.
Le jingle de Stella Spotlight (Si vous voulez un homme nouveau, Zéro c’est l’homme qu’il vous faut) est complètement tronqué. Dommage, Diane Dufresne nous offrait un réel moment d’humour
Johnny Rockfort n’est plus désormais -un enfant de la pollution-... La chanson est maintenant confiée à Ziggy !
- Les textes sont modifiés, parfois actualisés :
Désormais, Marie-Jeanne « gratte sa guitare » dans un nouveau couplet de la complainte de la serveuse automate...
Enfin, Zéro fait sa déclaration d'amour en direct à Stella dans le Ego Trip : « Veux-tu être à moi pour la vie, j't'en supplie, dis-moi oui... »
--------Evidemment, la trame reste la même ! Mais les évènements ne s’enchaînent plus de la même façon !
--------Voici une liste non exhaustive des changements parvenus entre 1978 et 1988 :
- La disparition du Gourou Marabout fait de Zéro Janvier le seul candidat tout puissant à la présidence de l’Occident : finis donc les débats télévisés opposant les 2 candidats.
- En 1978, Ziggy (rôle mineur) disparaît purement et simplement au milieu du second acte... Marie-Jeanne nous informe en effet qu’il est parti... et point final pour Ziggy...
En 1988, Monsieur Ziggy prend la peine d’annoncer à Marie-Jeanne qu’il la quitte pour Sadia : quand-même un soupçon de galanterie ! Mais de cette façon, on en apprend plus sur les personnages... Sadia travaillerait pour Zéro Janvier depuis le début, c'est donc un agent double... En 1978, cette notion était nettement moins évidente !
Naissance de la superbe chanson : « Nos planètes se séparent » !
Ziggy prend plus d’importance dans le spectacle... Alors qu'en 1978, il n'était que très furtif, n'apparaissant ici et là, le personnage, incarné par Renaud Hantson, prend une toute autre dimension en 1988. Ziggy est le sourire de Marie-Jeanne. Sans lui, sans son amour, on comprend mieux le ras-le-bol de la serveuse automate pour les souterrains...
- En 1988, la mort de Cristal fait crier à Johnny Rockfort son SOS d’un terrien en détresse. En 1978, cette même chanson n’avait pas vraiment trouvé sa place puisqu’elle intervenait au début du 2ème acte sans raison valable ! Désormais, le SOS prend tout son sens et devient criant de vérité...
- La chanson « Besoin d’amour », qui concluait le premier acte en 1978 est désormais projetée en 1988 au milieu du 2nd acte ! A sa place, « Petite Musique Terrienne » et la reprise de « Monopolis » !
- En 1988, la chanson « Monopolis » ouvre désormais le spectacle alors qu’elle était non loin de l’épilogue en 1978.
- Naissance de la chanson « Coup de foudre » entre Johnny Rockfort et Cristal. Le public a désormais la chance d'assister à ce grand moment !
- En 1978, le spectacle se conclut de façon romanesque : Johnny Rockfort rejoint son vaisseau spatial et repart vers d’autres galaxies (!)... Un an plus tard, au Québec, c'est un extra-terrestre qui vient secouer les pauvres habitants de Monopolis pour leur dire qu'il feraient mieux de vivre pour ce qu'ils sont plutôt que de chercher la gloire et le pouvoir...
En 1988, cet aspect X-files disparaît et la chanson « Le monde est Stone » devient la chanson finale du spectacle.
- En 1988, le milieu du second acte est totalement réorganisé (prenez les chansons ‘Quand on a plus rien à perdre’, ‘Les uns contre les autres’, ‘Ego trip’ dans cet ordre en 1978, mélangez bien le tout et vous êtes en 1988 !)


La mise en scène ( Lewis Furey)
Pour une mise en scène musclée, c’est une mise en scène musclée !
En 1988, 2 malheureux acteurs-chanteurs interprétaient les Etoiles Noires tout en jouant les coeurs.
En 1993, c’est à 7 danseurs acrobates voltigeurs que l’on fait appel pour booster la mise en scène.
Scènes de bagarre, feux, requins mangeurs de télé descendant du ciel, et aussi et surtout costumes exubérants (voir page photos !) nous entraînent au 3ème millénaire !
Les personnages
De 8 chanteurs principaux en 1988, on passe à 7 (chiffre parfait ?) dès 1993... Le rôle de Roger-Roger est désormais tenu par un robot à qui Muriel Robin prête sa voix.
La musique - Les chansons
- En 1988, on avait misé sur le saxophone ! Omniprésent, il ponctuait superbement bon nombre de chansons.
En 1993, c’est la guitare électrique qui a la côte ! Elle accentue le côté violent de la mise en scène !
- Côtés chansons, on coupe encore un peu, on réorganise, on retravaille :
La chanson Monopolis perd ainsi un couplet. Finie l’allusion à l’alliance franco-québécoise Berger-Plamondon : « Mirabel -aéroport de Montréal- ou Roissy -aéroport de Paris-, tout est partout pareil, tout autour de la terre, on prend les mêmes charters »
Disparition pure et simple de la chanson Disc-Jockey’s Song...
Le rêve de Stella Spotlight est amputé de la morale de l’histoire :
« Si vous voulez savoir la morale de l’histoire, rentrez chez vous et regardez-vous dans votre miroir... » Ou bien « Regardez-moi m’accrocher au pouvoir ; voyez où peut mener le désir d’être une star ! »
En 1993, la chanson de Ziggy est rallongée : « Quand j’serai numéro 1 au Top 50, vous qui riez aujourd’hui quand je chante, vous serez les premiers parmi tous mes groupies... »
Depuis 1998, la chanson Nos planètes se séparent, en revanche,a gagné un couplet... Un moment désormais intense du spectacle :
« Je m'en vais quelque part où ta vie et ma vie ne se rencontrent pas au hasard de la nuit... »


Mais la qualité du spectacle et des artistes persistent !
Depuis 1995, le spectacle s'est peu à peu épuré d'accessoires pourtant essentiels à la magie du show : les requin suspendus, mangeurs de télés, sur lesquels trônaient Sadia et Ziggy lors de la scène du Naziland sont d'abord mis par terre, sur roulettes, puis disparaissent purement et simplement...
De la même façon, sur les 2 écrans géants de la version Mogador, un seul survit dès 1995...
Mais LE choc a lieu en 2000... Pour la première fois, la version mise en scène par Lewis Furey subit de grands changements...
Les personnages
ne comporte désormais plus que 6 personnages centraux... Roger-Roger, qui était incarné jusqu'ici par un robot à qui Muriel Robin donnait sa voix est supprimé du spectacle...
Pour compenser ce manque, ce sont les chanteurs qui ont vu leur rôle étoffé par les quelques interventions jusqu'alors réservées à Roger-Roger. L'occasion pour Luc Plamondon de réécrire certaines scène parlées pour faire transparaître d'avantage d'humour et plus encore de complicité entre Marie-Jeanne, Ziggy et le public.
- Exit les 6 acrobates qui rythmaient les interventions des Etoiles Noires... Désormais, comme en 1988, seuls 2 acrobates munis d'un micro pour parler, crier et chanter par moment envahissent la scène : ce rôle est confié à Marcus (Marc Jugieu), présent dans
depuis 1993, et à Said Gherbi, de retour dans la troupe après quelques années d'absence. Notons que Sirhan Djezzar, jusqu'ici acrobate, se voit confié la lourde tâche de revoir toutes les chorégraphies du spectacle.
Les décors
- Marie-Jeanne a un nouveau bar bien plus imposant, représentant la ville de Monopolis, ses souterrains et son tout petit coin de verdure... Cette fois, elle manipule elle-même (il était jusqu'alors télécommandé).
- Zéro Janvier est démuni de son bulding télécommandé. On lui confie un trône très remarqué qu'il dirige lui-même, et dans lequel il siège comme le maître de l'Occident.
- Stella Spotlight redescent au ras du sol. Elle qui était jusqu'alors perchée un bon moment du spectacle en haut de son acropole joue désormais avec une sorte de loge de star dorée de laquelle elle entre et sort à volonté...
- Le dernier écran géant est également supprimé. Les interventions télévisées se feront dans un "faux écran" à l'intérieur duquel oeuvrent réellement les artistes...
Les Paroles
- L'an 2000 est là... Et Luc Plamondon doit à nouveau actualiser quelques textes... Dans "Quand on arrive en ville", Sadia ne chante plus "quand viendra l'an 2000, on n'aura plus 20 ans", mais "on est en l'an 2000, et on n'a plus le temps" !
- La scène du Naziland est totalement réécrite, et est délivrée dans une version rap par Ziggy et Sadia
Les scènes
- Grâce à cette nouvelle vision du spectacle, le lien unissant Zéro Janvier et Sadia est beaucoup plus clair... On comprend ainsi désormais que Sadia est depuis longtemps un agent double de Zéro Janvier et qu'elle pactise avec lui...
- En 1988, Cristal était tuée par les Etoiles Noires de Zéro Janvier. En 1993, elle mourait dans l'explosion de la bombe que Johnny Rockfort et elle voulaient poser dans la Tour Dorée... Depuis l'an 2000, terrible nouveauté dans le spectacle : c'est Zéro Janvier lui-même qui, devenu fou, assassine Cristal en l'étranglant... Tout un programme !
20 ans de changements, mais toujours cette magie qui fait que  demeure encore aujoud'hui et pour bien longtemps un opéra-rock qui touche, qui émeut, qui plaît !
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