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- Les articles sont classés en colonne par ordre chronologique -


Une pluie d'étoiles
"Voir"
3 février 1994


Une victoire de la musique ?
"La Presse"
7 février 1994


Starmania triomphe aux Victoires
"Le Soleil"
8 février 1994


Un Starmania québécois
"La Presse"
16 février 1994


Starmania forever
"Le Devoir"
19 février 1994


Starm attire un public plus jeune
"Le Soleil"
24 février 1994


Starmania récolte les honneurs
"Le Soleil"
26 février 1994


Furey prépare "son" Starmania
"La Presse"
2 avril 1994
En attendant Starmania
"La Presse"
16 avril 1994


Starmania fait son chemin tout seul
"La Presse"
30 avril 1994


Lewis dans les rues de Monopolis
"Le Devoir"
7 mai 1994


Starm n'a pas souffert du voyage
"Le Devoir"
13 mai 1994


Revu, corrigé, et toujours actuel
"La Presse"
13 mai 1994


Luce Dufault souffrante
"La Presse"
18 mai 1994


Starm nous promet l'éblouissement
"Le Soleil"
9 juin 1994

- Dernière mise à jour de la revue le 29/10/99 -









"Une pluie d'étoiles au Théâtre Mogador"
Le théâtre Mogador est plein à craquer. Normal, c'est comme ça depuis des mois, guichets fermés sur guichets fermés. Un véritable triomphe qui, cette fois, n'est en rien exagéré. Ce qu'on pourra comprendre puisque la troisième version de Starmania est simplement spectaculaire. Une démesure imaginaire qui doit beaucoup à son metteur en scène, Lewis Furey. La troupe déménage costumes et décors à Montréal en mai. On vous conseille tout de suite d'y voir.

---Pas besoin de vous raconter la trame, vous connaissez sans doute les aspirations planétaires de Zéro Janvier, que tentera de contrecarrer Johnny Rockfort, à travers sa passion pour Crystal. Non, la première chose qui saute aux oreilles, bien avant les yeux, c'est l'actualisation des chansons composées il y a une quinzaine d'années déjà. Des orchestrations plus dures, évidemment plus modernes aussi, qui rendent bien service au type d'interprètes choisi pour cette nouvelle aventure en terrain parisien.

---Luce Dufault, d'abord. Incandescente, belle, fragile, mais dont la voix ne possède certes pas la douceur d'une Fabienne Thibeault, par exemple. En clair, elle est beaucoup plus rockeuse que lyrique, ce qui sied parfaitement bien à ces nouveaux arrangements. Pas compliqué, dès les premières mesures de Monopolis, et jusqu'aux dernières du Monde est stone, le Mogador résonne d'un frisson commun dès qu'elle bouge les lèvres. C'est fort probablement sa performance que saluaient à grand renfort de carillons les cloches de l'église Ste-Trinité au sortir du théâtre.

---Sans doute aussi beaucoup celle de Bruno Pelletier, le Johnny Rockfort nouveau genre. Lui aussi est puissant. Lui aussi est rocker. Il possède en plus des qualités athlétiques indéniables qui ne sont pas sans rehausser son interprétation. Hasard ou non, les deux interprètes se sont jadis frottés au genre, via La Légende de Jimmy. Ils ont depuis longtemps compris qu'une telle opération exige autre chose qu'une seule performance vocale.

---Mais il n'y a pas que de très grands moments dans ce Starmania revampé technologiquement. Zéro Janvier, interprété par Michel Pascal, est décevant parce qu'en manque de voix. Le dramatique du numéro final tient beaucoup au thème du Blues du businessman, auquel sont superposés les divers refrains majeurs de la pièce. Or, on ne ressent pas grand-chose, le pauvre chanteur tentant de combattre la fatigue accumulée par sept représentations/semaine. Difficile. Gênant même à certains moments.

---Voilà d'ailleurs le souhait qu'on peut faire aux Montréalais. Espérons que les acteurs-chanteurs sauront récupérer d'ici la première au St-Denis. Peu importent ces ratés, Starmania III, version clip, impressionne. Écrans géants, personnage robotisé, jeu sur divers paliers, sauts de bunji, acrobaties et cascades, rien ne manque sauf, à la limite, un peu de repos pour les artistes...


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"Une victoire de la musique pour Starmania ?"
Starmania semble bien placé pour remporter une Victoire de la Musique, ce soir à Paris, une récompense qui lui a déjà échappé deux fois.

---La comédie musicale de Michel Berger et Luc Plamondon, qui triomphe actuellement dans la capitale française dans une mise en scène de Lewis Furey, est mise en nomination dans la catégorie "Spectacle musical de l'année". La chanteuse Céline Dion profite aussi de l'effet Starmania. Le succès qu'elle a remporté en France avec Ziggy (et d'autres textes de Plamondon) lui vaut une mise en nomination dans la catégorie Interprète francophone.

---La troupe - essentiellement québécoise - de Starmania a apparemment de sérieuses chances de l'emporter. En terme d'entrées, l'opéra-rock a été le troisième plus grand succès théâtral de 1993 derrière Tailleur pour dames (avec Jean-Paul Belmondo) et le Dîner des cons, et il devrait se hisser au premier rang cette année. Présenté à guichets fermés depuis le début du mois d'octobre, la comédie musicale joue les prolongations au Théâtre Mogador jusqu'à la fin-avril et franchira dans quelques jours le cap des 200000 spectateurs. Starmania affronte deux petites comédies musicales, Chanson plus bifluorée et Le quatuor.

---Grâce à Plamondon, Céline Dion vient elle aussi de connaître un énorme succès (son premier) en France. Avec son interprétation de la chanson de Ziggy, elle s'est classée au premier rang de la plupart des palmarès. Son Céline Dion chante Plamondon, rebaptisé ici Des mots qui sonnent a par ailleurs été certifié Disque d'or, avec plus de 100000 copies vendues. À cela s'ajoute le succès de Tycoon, la version anglaise de Starmania (plus de 650000 compacts en France) dans laquelle on retrouve aussi Mlle Dion et Ziggy.

---Céline Dion n'est pas assurée cependant de remporter la Victoire de la meilleure interprète francophone. D'autant qu'elle affronte le suisse Stephan Eicher et la belge Mauranne, deux véritables vedettes qui, contrairement à la Québécoise, ont aussi fait leur preuves sur les scènes françaises. Et puis il faut dire que les Québécois ont été plutôt choyés ces dernières années. Daniel Lavoie, Roch Voisine et Robert Charlebois (l'an dernier) ont remporté la Victoire de la francophonie. Cette fois-ci, on préférera peut-être un Européen.

---Cette neuvième remise des Victoires (l'équivalent des Félix) viendra clôturer la deuxième semaine de la Chanson française et francophone. Le gala résumera assez bien l'état et les contradictions de la chanson française. Au cours de la soirée, on rendra par exemple hommage à la mémoire de Léo Ferré... et on remettra une Victoire spéciale au petit Jordy, champion toutes catégories des exportations avec 1,6 million de disques vendus à travers le monde...


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"Starmania triomphe aux Victoires de la Musique"
Starmania a décroché la Victoire du spectacle musical de l'année hier soir lors de la neuvième remise des Victoires de la musique, l'équivalent français des Félix ou des American Music Awards.

---Luc Plamondon, cachant mal son émotion derrière ses éternels verres fumés, a reçu la récompense sur la vaste scène du Palais des congrès de Paris, à l'endroit même où Michel Berger et lui avaient créé leur opéra-rock il y a exactement 15 ans. " C'est la victoire de la persévérance, a dit le parolier. Qui a dit que les Français n'aimaient pas la comédie musicale ? C'est un encouragement à d'autres d'en faire ". Plamondon a partagé sa Victoire avec l'auteur de la musique de Starmania, Michel Berger, aujourd'hui décédé. " Michel Berger qui doit nous regarder avec un sourire bien ironique, a-t-il souligné, lui qui n'a jamais gagné de Victoire de son vivant ".

---La Victoire remportée par la troisième version parisienne de Starmania est on ne peut plus québécoise. Lewis Furey a signé la mise en scène et Alain Lortie les éclairages. Presque tous les chanteurs (Luce Dufault, Judith Bérard, Jasmine Roy, Bruno Pelletier, Michel Pascal et Patsy Galant) sont également québécois.

---Fidèle à son habitude, Plamondon ne s'est pas contenté de débiter les politesses d'usage. Il a profité de l'occasion pour remercier le ministre de la Culture et de la Francophonie, Jacques Toubon, pour la nouvelle loi imposant un quota de 40 % de chansons d'expression française à toutes les radios de l'Hexagone. Ses remerciements ont été accueillis par des applaudissements nourris, mais aussi par des sifflets car la mesure, qui entrera progressivement en vigueur d'ici 1996, ne fait pas l'unanimité dans le milieu.

---Starmania avait été mis en nomination pour une Victoire de la musique en 1989 et en 1990, mais, chaque fois, la récompense lui avait échappé.

---Par ailleurs, Céline Dion n'a pas reçu hier soir la Victoire de l'artiste francophone de l'année. En chantant Plamondon, elle a connu en 1993 en France son premier succès, dominant, avec la chanson Ziggy, la plupart des palmarès. C'est finalement la Belge Mauranne qui l'a emporté. Céline Dion n'assistait pas à la soirée.


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"Un Starmania presqu'exclusivement québécois !"
Un producteur français présentera au Québec un Starmania presque entièrement québécois!

---Fort de la Victoire qu'on lui a décernée pour le spectacle musical de l'année, la semaine dernière à Paris, Luc Plamondon recevait les journalistes dans sa maison d'Outremont, hier, pour leur parler de cette nouvelle version de Starmania qui sera présentée du 12 au 22 mai au théâtre Saint-Denis puis du 9 au 11 juin au Grand théâtre de Québec.

---On l'a dit, ce Starmania cuvée 1993-94, le troisième à être présenté à Paris, est une production presque exclusivement québécoise: mise en scène de Lewis Furey, éclairages d'Alain Lortie, arrangements et direction musicale de Jeff Fisher en plus de six des sept chanteurs qui sont du Québec. Malgré tout, depuis septembre dernier, Plamondon n'a pu trouver un producteur d'ici prêt à investir des sous dans le spectacle et c'est le Français Gilbert Coullier, producteur du spectacle au théâtre Mogador de Paris, qui fournira le capital de risque pour les représentations au Saint-Denis.

---Plamondon croyait à une coproduction avec la Place des arts comme pour la Légende de Jimmy, en 1992: "La Place des arts avait réservé des dates pour l'automne 1994, mais dès qu'il y a eu un changement de direction à la PdA, j'ai reçu une lettre disant: Nous avons le regret d'annoncer que nous ne présenterons pas Starmania à la Place des arts. Sans aucune autre explication. C'est la première fois que je prendrai un producteur français à Montréal."

---Et Plamondon de demander encore une fois pourquoi le Québec, qui subventionne plusieurs compagnies de théâtre et de danse, ne se doterait pas d'une compagnie de comédie musicale, lui qui possède manifestement l'expertise et le talent en ce domaine.

---Les billets pour les représentations montréalaises de Starmania ont été mis en vente lundi et déjà on a vendu une salle. Les nouvelles sont trop bonnes par les temps qui courent pour que Plamondon se mette à broyer du noir, ce qui ne serait pas tellement son genre...

---Ainsi, il annonçait hier qu'un nouveau disque de Starmania serait lancé en mars, le 1er en France et le 15 au Québec; que même si sa version anglaise Tycoon (dont l'album, qui met notamment en vedette Céline Dion, s'est écoulé à un demi-million d'exemplaires en France, mais n'a pas encore été distribué en Angleterre ou aux États-Unis) n'a fait que 12 représentations à Paris, elle a été vue par des producteurs de Londres, New York et Toronto. Plamondon et associés étudient présentement des offres importantes de producteurs de comédies musicales, dont deux de Londres, et "une très grosse proposition pour le cinéma". Le tout devrait se régler d'ici l'été, mais la version londonienne de Starmania ne sera pas montée avant septembre 1995, estime l'auteur.

---"Tycoon à Paris aura surtout forcé Tim Rice (auteur de Jesus Christ Superstar, Evita etc.) de finir son texte en anglais", dit Plamondon qui révèle qu'on a pensé présenter Tycoon à Montréal pour un soir seulement, le 19 juin, en guise de ballon d'essai. "Mais ça n'avait pas de sens de répéter plusieurs jours pour une seule représentation."

---Ce n'est pas tout. Plamondon a cinq autres projets de comédies musicales en tête, dont Kahnawake, qu'il écrit avec François Cousineau et compte monter en 1995. Et puis même s'il n'accepte plus de commandes, Plamondon continue d'écrire des chansons, dont une pour le prochain disque de Daniel Lavoie ("il m'a donné une très belle musique") et on sent qu'il ne se ferait pas prier pour écrire des textes pour Luce Dufault.

---Quand Starmania sera montée dans d'autres langues, Plamondon espère qu'il n'aura pas à s'en occuper autant qu'il le fait présentement. "Je suis un peu tanné, dit-il spontanément. Je viens de passer un mois en studio et c'est mon septième album de Starmania. Donc presque un album aux deux ans. Quand Luce Dufault reprend pour la 32e fois La Serveuse automate, elle a beau être ma chanteuse préférée en ce moment..."

---La nouvelle version de Starmania sera présentée à Paris jusqu'à la fin d'avril et y reprendra l'affiche au théâtre Mogador de septembre à janvier avant de partir en tournée en France jusqu'en mai 1995. Ajoutez à cela un mois à Tokyo, un autre à Osaka...

---"On a fait 200000 spectateurs en six mois à Paris et d'ici la fin de l'année, un million de spectateurs auront vu l'une ou l'autre des trois versions de Starmania, en 15 ans. C'est un record absolu en France, pour une comédie musicale en français ou en langue étrangère."

---Plamondon trouve que la nouvelle version "visionnaire" -un mot qu'il préfère à "futuriste"- de Starmania imaginée par Lewis Furey est plus proche de la toute première montée en France, en 1978 au Palais des Congrès, comparativement à celle que Michel Berger et lui avaient créée en 1988 et qui était assez proche de la réalité quotidienne.

---"Cette reprise de Starmania aurait pu être un succès de nostalgie, mais ce n'est pas le cas: 50 p. cent du public a moins de 20 ans. Pour le nouvel album, on a des pré-commandes de 100000 exemplaires en France. Les jeunes veulent 'leur' version."

---Est-il déçu que sa Légende de Jimmy -qu'il entend reprendre dans une version plus dépouillée l'an prochain- n'ait pas conmnu un pareil succès?

---"Comme disait Michel Tremblay, on ne peut pas écrire les Belles-Soeurs tous les jours..."


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"Starmania forever"
La version Lewis Furey de l'opéra-rock de Luc Plamondon et Michel Berger séjournera au Québec en mai-juin.

---Manger un morceau avec Luc Plamondon avant de voir Starmania pour la première fois? On a beau être en vacances à Paris, cela ne se refusait pas. Rancard, donc, 27 janvier, 19h, restaurant Ferrari, en face du Théâtre Mogador. Le seul resto des alentours, m'avait-on dit: je ne pouvais pas le manquer. Je suis sorti à deux pas, métro Trinité. En embrassant le Square du même nom d'un regard circulaire, j'ai eu une pensée attendrie pour Johnny Hallyday: c'est là qu'il rencontra Eddy Mitchell et Jacques Dutronc, qu'ils découvrirent le rock'n'roll, qu'ils flanquèrent des dégelées à des bandes rivales de blousons noirs. Tel que décrit, le restaurant Ferrari interpelait la devanture du vénérable Mogador, l'ancien temple de l'opérette, d'un côté à l'autre de la rue. Bar au rez-de-chaussée, salle à manger au sous-sol. Luc Plamondon était au rendez-vous, accoudé au zinc. Le repas durant, le maître d'hôtel, le propriétaire, les serveurs seront à nos genoux. Les siens d'abord, et les miens par association. De toute évidence, Plamondon, à Paris, et surtout en face du théâtre où il triomphe, est roi. La maison offrira ceci, cela, presque sans discontinuer. "Vous ne pouvez pas refuser le verre de la maison!" Habitué, Plamondon fera l'obligeant, mais je sentais que les courbettes le tarabustaient un tantinet. Pas moi. J'étais tout impressionné. La cour du roi, c'est formidable, surtout la première heure.

---Il avait les traits un peu alourdis, le Plamondon. Normal. Le jour, entre les représentations de Starmania à Mogador, qui attirent soir après soir depuis octobre un contingent de 1800 Parisiens ravis - dont un bon nombre de jeunes filles qui, du balcon, accueillent Bruno Pelletier (Johnny Rockfort, le chef des Étoiles Noires) et Luce Dufault (Marie-Jeanne, la serveuse automate) avec toute la stridence réservée aux rockstars - Plamondon assistait à toutes les séances d'enregistrement de l'album du spectacle, dont la sortie est prévue le 15 mars prochain. Ce sera le septième album tiré des différentes distributions de Starmania depuis sa création en 1976 par le regretté Michel Berger et Luc Plamondon. Sans compter Les Enfoirés chantent Starmania, l'album-témoin de l'édition 93 du concert annuel toutes étoiles (Patricia Kaas, Jacques Dutronc, Patrick Bruel, Jean-Jacques Goldman et un tas de comiques français) au profit des Restos du coeur (une organisation d'entraide aux démunis que parrainait Coluche). "Un album aux deux ans", laissera tomber Plamondon en soupirant, un peu ébahi lui-même par la réjuvénation périodique de son oeuvre.

---La saga Starmania... Veiller sur Starmania est presque devenu un métier à temps plein pour Plamondon, voire une mission depuis que Michel Berger est parti jouer du piano debout avec John Lennon et George Gershwin. Il a de quoi s'occuper. L'opéra-rock, dont il n'a jamais cédé les droits, n'en finit plus de proliférer. En conférence de presse cette semaine à la maison outremontoise du parolier, il annonçait officiellement que la production parisienne de Starmania s'amènerait au Québec, du 12 au 22 mai au Théâtre St-Denis, et les 9, 10 et 11 juin au Grand Théâtre de Québec. Gros événement chez nous, mais étape parmi d'autres dans l'irrésistible plan de conquête mondiale qui passera éventuellement par le West End de Londres (dans la version anglaise, Tycoon, transposée par Tim Rice) et finira bien par aboutir à Broadway. Les offres, comme on dit, affluent. Venus du Japon, d'Australie, de New York, de Londres, de Toronto, les producteurs ont vu, ont aimé, et plusieurs ont proposé. "Deux producteurs à Londres le veulent, et on a aussi une très grosse proposition pour le cinéma", chuchotait Plamondon mardi. "Ça ne me déplairait pas qu'on le fasse à l'écran, pour le fixer une fois pour toutes, pour que je puisse passer à autre chose." C'est concevable, Starmania au cinéma? "C'est très cinématographique comme sujet. Ça demande un réalisateur qui a une vision, un Terry Gilliam qui a fait Brazil, ou un Alan Parker qui a fait The Wall. Il faut des moyens et de l'imagination. Je ne signerai pas avec un producteur sans connaître le réalisateur."

---La saga de Starmania dépasse l'entendement. Voyez les chiffres: près d'un million de spectateurs ont vu le spectacle en dix-huit ans; on a écoulé un million de copies du premier album (le bleu, avec Diane Dufresne, Claude Dubois, France Gall, Daniel Balavoine et compagnie), et un demi-million de mieux pour les autres moutures. S'ajoutent, rien qu'en France, les 500 000 exemplaires de Tycoon, la version all-stars anglaise (avec Cyndi Lauper, Tom Jones, Ronnie Spector et consorts), et les 300 000 des Enfoirés. Si j'étais Plamondon, cela suffirait à m'éreinter. Ce qui l'amuse, lui, m'expliquait-t-il entre deux bouchées devant ses sujets du resto Ferrari, ce sont les nouveaux fans, "les jeunes filles qui collectionnent toutes les versions de Starmania et se livrent à de savantes analyses comparées des différentes interprétations". Certains soirs, il signe des autographes pendant une demi-heure. Lui, Plamondon, assailli par les midinettes! J'aurai voulu être un artiiiiiiste...

---S'entendant jouer la rockstar, il s'est mis à sourire de son drôle de sourire, trop maladivement timide pour se laisser aller à un grand rire sonore, mais visiblement content derrière ses lunettes fumées. C'est fou, Plamondon a beau les porter en tous lieux et à toutes heures, ses binocles teintés ne cachent absolument rien. On voit en lui aussi clairement qu'un chirurgien son quadruple-pontage en cours d'opération. L'angoisse ne le quitte jamais totalement. Une semaine après le dîner chez Ferrari, à la première du spectacle de Marc Drouin au Théâtre de Dix Heures, il voudra savoir si j'ai aimé Starmania. C'est comme ça. Son appétit de reconnaissance et d'amour est insatiable. Et son émotion devant le succès enfantine, pure. C'est ce qui le rend attachant. Il craque, il s'énerve, il s'indigne, il bafouille, il a des trémolos dans la voix, il a des crottes sur le coeur, il s'emporte, il foudroie, il s'émeut. Lui qui tient mordicus à son cool jamesdeanien, il est beau à voir quand il perd le contrôle: aux dernières Victoires de la musique, par exemple, alors qu'il étreignait comme un bébé le massif trophée qui récompensait enfin Starmania. Quand il a remercié Michel Berger, sa voix s'est brisée, et il a failli échapper l'objet.

---Le Starmania que vous verrez est étonnant. Hautement symbolique, fort spectaculaire, véritablement renouvelé. Moi qui abhorre les comédies musicales, j'ai marché à fond, fasciné par la mise en scène de Lewis Furey, les éclairages d'Alain Lortie, les costumes pseudo-futuristes de Philippe Guillotel (entre le Métropolis de Fritz Lang et L'Orange Mécanique de William Friedkin). Luce Dufault y est sublime de justesse, et Bruno Pelletier s'en tire plus qu'honorablement. Mais vous aimerez ce Starmania d'abord et avant tout pour les mêmes raisons que les autres fois. Pour les chansons de Berger et Plamondon.


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"Quinze ans après sa création,
Starmania attire un public plus jeune"
Plus encore que le trophée Victoire qu'il vient de remporter à Paris pour son Starmania, Luc Plamondon se réjouit de la jeunesse des spectateurs de la troisième version de la comédie musicale.

---"À Paris, la moitié des spectateurs sont des teen-agers de 15, 16, 17 ans. Ça m'a touché. C'est le public le plus jeune que j'aie vu. J'ai hâte de voir ce que ce sera à Québec", lance Plamondon.

---Présent à Québec pour une réunion du Conseil des arts et des lettres dont il fait partie, Luc Plamondon en profite pour faire la promotion de Starmania, présenté au Grand Théâtre les 9, 10 et 11 juin.

---La troisième version de Starmania, mise en scène par Lewis Furey, se veut futuriste et accrobatique, si l'on en croit le vidéo présenté à la presse, hier matin. Luc Plamondon ne tarit pas d'éloges sur le " casting " de cette troisième version, qui, à Paris, s'apprête à dépasser le demi-million de spectateurs, " le plus gros succès de la saison parisienne, même plus que les Folies Bergère ".

---" Luce Dufault, c'est la meilleure voix depuis Céline Dion ", affirme Plamondon. Assisté de Lewis Furey, il a personnellement choisi les chanteurs de Starmania parmi une centaine, en France et à Montréal. Bruno Pelletier, c'est la " meilleure voix depuis longtemps ". Jasmine Roy, " a une personnalité forte sur scène " et Frank Sherbourne (le seul Français de la production) est " le meilleur Ziggy qu'on a jamais eu ". Lors de l'audition, Patsy Gallant était si impressionnante dans son interprétation de Stella Spotlight, que Lewis Furey en avait les larmes aux yeux, rappelle Plamondon. " Patsy Gallant n'est pas venue auditionner, elle est venue chercher son rôle ", précise l'auteur de Starmania.

---Luc Plamondon a écrit Starmania en 1979, sur des musiques de Michel Berger. La production roule depuis 15 ans, mais vieillit bien. Après Montréal et Québec, c'est Paris de nouveau en septembre, puis la tournée, de janvier à juin 1995. En août, l'itinéraire emmène la production au Japon, et en Angleterre l'automne suivant. New York ? Pourquoi pas. " Mais il faut être sûr de notre coup. Parce qu'à New York, un show mal reçu par la critique est aussitôt retiré de l'affiche. Avant d'aller à New York, il faut s'assurer d'un succès à Londres ou à Los Angeles ", explique Plamondon.

---Déjà, les artistes de la production actuelle sont pressentis pour signer un contrat pour l'année prochaine. Chose certaine, assure Plamondon, c'est la production parisienne à laquelle auront droit les Québécois en juin, décors et costumes compris.

---Même s'il veut se consacrer à l'écriture de comédies musicales (Kanawake est son projet le plus avancé), plutôt qu'aux chansons, il a l'intention de faire des exceptions... pour Céline Dion, ou Daniel Lavoie.


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"Son opéra-rock Starmania récolte
les honneurs en France...
Le Québec reste dans la tête de Plamondon"
Cette semaine, Luc Plamondon a pris le temps de flâner dans le Vieux-Québec. En respirant l'air frais du petit matin, il s'est rappelé son adolescence d'étudiant... les bières prises en cachette, à la " chapelle " du Clarendon, les livres " à l'index " achetés dans l'arrière-boutique de la librairie Garneau...

---" Je me sens encore d'ici beaucoup dans ma tête. Mais c'est pas pareil d'y revenir. Le Québec de mon adolescence c'est un Québec tellement différent de maintenant. "

---Luc Plamondon a vécu les 20 premières années de sa vie dans la région. Il est né à Saint-Raymond de Portneuf, sur une ferme où son père élève des chevaux. À 12 ans, il vient à Québec pour étudier au Petit Séminaire. À l'époque, l'université est encore dans le Vieux-Québec. " ...il fallait se cacher pour aller prendre une bière au Clarendon. On appelait ça la chapelle, parce qu'il ne fallait même pas prononcer le mot taverne, sinon on risquait d'être mis à la porte du Séminaire... "

---Il a eu un choc, au cours de sa flânerie de la semaine dernière. Quoi ! La librairie Garneau, sa librairie Garneau n'y était plus ! Remplacée par un vendeur de mocassins. Son coeur a eu le temps de faire trois tours avant qu'il réalise qu'elle n'était que déménagée, presque en face. N'empêche. L'arrière-boutique, " l'enfer " comme l'appelait les étudiants, s'est évanouie dans le déménagement.

---Québec est différente mais aussi attachante. " C'est tellement beau sur les remparts. Après trois jours ici, j'ai le goût de rester plus longtemps. Je viendrais bien passer six mois ici pour écrire. "

---Ce serait comme boucler la boucle, puisque c'est à Québec qu'il a commencé à écrire, à l'âge 16 ans, il s'en rappelle très bien. Il doit ses balbutiements littéraires au père Guérin, son professeur de littérature au Collège des Jésuites. " Il m'encourageait à écrire. Bon. C'était des dissertations, mais il favorisait l'originalité plutôt que la conformité. "

---Il prend ses premiers cours de piano à Saint-Raymond. Avec Mlle Augustine, l'organiste du village. " Elle me faisait jouer dans des comédies musicales, à la salle paroissiale... Mlle Augustine vit encore à Saint-Raymond. Faudrait que je passe la voir... ", murmure Plamondon, presque pour lui-même.

---À 20 ans, Luc Plamondon quitte Québec pour le vaste monde. Depuis 32 ans, il parcourt l'Europe et les États-Unis. Il vit à Paris, mais depuis cinq ans, il revient au Québec l'été, au lac Memphrémagog. " À Magog je retrouve les odeurs de mon enfance. L'odeur de l'eau, de la forêt. Je me sens chez moi. "

---Reviendrait-il vivre au Québec ? S'y sentirait-il à l'étroit ? " Au Québec, on pense en fonction du Québec. Paris, c'est une capitale mondiale. Sur le plan culturel, Paris a une ouverture sur ailleurs. Au Québec, on travaille en vase clos. Mais en même temps, nous avons créé notre théâtre à nous, notre chanson à nous, notre cinéma. Nous exprimons notre identité plutôt que de copier ce qui se fait ailleurs. Maintenant il est temps de s'exporter. "

---Conscient de la valeur artistique des Québécois, il leur écrit des chansons, les engage dans ses productions. " J'ai peut-être donné des chances à des Québécois, mais d'avoir été chanté par eux m'a porté chance aussi. Je ne m'imagine pas écrire une comédie musicale avec seulement des Français. Dans mes projets, il y a toujours des chanteurs du Québec. "

---En disant cela, Luc Plamondon jette un coup d'oeil derrière lui. Isabelle Fournaux le suit comme une ombre depuis le matin. Inscrite au doctorat à l'université Laval, la jeune Française rédige sa thèse sur l'oeuvre Plamondon... rien de moins. " C'est un très très grand auteur. Il me fascine. Il joue avec les mots. C'est un homme d'une très grande culture. " Les personnages de Starmania, par exemple, montent et redescendent, gagnent et perdent, comme Icare, ce personnage de la mythologie grecque qui est monté au ciel grâce à des ailes qui ont fondu au soleil. " Elle connaît mieux mes chansons que moi ", lance Plamondon, vaguement gêné de cet honneur inattendu.

---Il a hâte à juillet. Il s'installera dans son chalet du lac Memphrémagog pour terminer son prochain opéra-rock, Kanawake, un sujet universel mais " hot comme un baril de poudre ", convient Plamondon. Son personnage principal est un Iroquois. " Peut-être que j'aurais dû situer mon sujet à L'Ancienne-Lorette. Et puis non. Les grands opéras sont violents. J'espère que je rendrai justice aux autochtones. "

---En attendant juillet, il s'occupe de Starmania. Promotion, traduction, tournées, disque. Il ne peut se résoudre à laisser la troupe rouler sans lui, surtout pas quand l'opéra est sur sa montée. " Une troupe, c'est comme un famille, faut s'en occuper. "

---Et puis Starmania, il en est fier. " Je sentais qu'il y avait une force dans cette oeuvre. Je sais tout ce que j'ai mis dedans, et que je ne pourrais mettre dans aucune autre oeuvre. Je donne ma vision du monde. Berger, lui, a voulu se surpasser. Il a écrit une musique pour conquérir le monde. Il y a une force dans Starmania qui n'est pas encore exploitée... parce que trop de gens ne l'ont pas vu. "

---Starmania, troisième version, celle de Paris, est présentée au Grand Théâtre, les 9, 10 et 11 juin.


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"Lewis Furey,
le touche-à-tout prépare l'arrivée de "son" Starmania"
Starmania, c'est LA comédie musicale en France, le pays de Victor Hugo où même ses célébrissimes Misérables se sont tapé un spectaculaire bide à Paris pendant qu'ils triomphaient partout ailleurs dans l'univers connu.

---Starmania, c'est autre chose. La version 93-94 que Lewis Furey a mise en scène connaît depuis l'automne un succès fou au Théâtre Mogador de Paris avec une distribution totalement inconnue là-bas et, qui plus est, presque entièrement québécoise. Cela même si les Luce Dufault, Bruno Pelletier, Partsy Gallant et autres Frank Sherbourne avaient à subir la comparaison avec les chanteurs des deux versions précédentes qui avaient nom Fabienne Thibault, Diane Dufresne, Daniel Balavoine, Maurane...

---C'est cette nouvelle version que le public québécois pourra voir à compter du 12 mai au Théâtre Saint-Denis et du 9 juin au Grand Théâtre de Québec. Et qui par la suite reprendra l'affiche à Paris pendant quatre mois avant de partir en tournée dans quelque 250 villes!

---Comme tout le monde, Furey n'est pas entiché de l'expression "comédie musicale", d'autant moins indiquée pour Starmania "dont le texte de Luc (Plamondon) est complètement tragique. Tout le monde cherche l'amour et tout le monde le perd. C'est une grande tragédie, comme dans les pièces de Shakespeare."

---Depuis 20 ans, Lewis Furey mène une carrière tout à fait imprévisible. L'auteur-compositeur-interprète découvert à l'Évêché de l'hôtel Nelson au milieu des années 70 a depuis tâté du cinéma, devant et derrière la caméra, écrit pour sa compagne Carole Laure, réalisé ses disques et mis en scène ses spectacles. Depuis quatre ou cinq ans, il a également donné dans la réalisation de vidéoclips et de pubs. Et il ne sent surtout pas obligé d'écrire, ni de chanter.

---"Il y a des journées où ça me tente, dit-il toutefois. Ce serait merveilleux de faire un disque comme chanteur, surtout quand je vois quelqu'un qui réussit comme Peter Gabriel. Mais moi, j'ai eu la chance d'avoir une interprète qui voulait ne chanter que mes chansons: Carole. Et si j'écrivais des chansons d'homme, j'irais vers un interprète. Je vois Bruno Pelletier, il a un instrument tellement magnifique, qui véhicule l'émotion. Je lui écrirais bien une ou deux chansons. Mais ce qui m'intéresse vraiment, c'est d'enregistrer des lied de Brahms en anglais."

---Furey avait vu les Starmania mis en scène à Paris par Tom O'Horgan (1979) puis par Plamondon et Michel Berger (1988-89). Il avait également assisté à deuxième version québécoise présentée au festival de Lanaudière.

---"Quand Luc, (le producteur français) Gilbert Coullier et France Gall (la veuve du compositeur Michel Berger) m'ont demandé de mettre en scène Starmania, j'ai mis pas mal de temps à me décider. Je ne voulais pas être celui qui tuerait Starmania!

---"Je ne me suis pas laissé influencer par les autres versions, reprend Furey qui ne voulait surtout pas donner dans la nostalgie. J'ai décidé de faire comme si Luc venait tout juste de l'écrire. Dans cette version, j'ai senti plus de violence et je trouve que c'est plus cohérent avec l'actualité que les mises en scène précédentes. J'ai surtout parlé avec Luc de ses sources d'inspiration: la Bande à Baader, l'enlèvement de Patti Hearst, devenue amoureuse de ses ravisseurs..."

---Au départ, Furey ne voulait faire ni music-hall ni concert, même s'il y a un peu des deux dans son spectacle: "Je voulais que la scène soit comme un poumon qui se vide et qui se remplit par le haut, par le côté. En cinéma, j'aime beaucoup les cadres très riches. Les structures sont très importantes. Le gros du spectacle arrive d'en haut."

---Furey ne s'intéresse qu'au théâtre "imagiste", celui de Lepage, de Carbone 14. De même, la danse classique ne lui dit rien, mais il est fasciné par le travail de chorégraphes modernes comme Édouard Lock, avec qui il a travaillé sur le clip Save the Last Dance For Me de Carole Laure, et les Belges Wim Vandekeybus et Anne Teresa de Keersmaeker.

---"Je vois une parenté entre le Québec et la Belgique où la danse moderne est très théâtrale, observe-t-il. Montréal et Bruxelles sont deux villes bilingues, biculturelles, deux villes de grandeur semblable. Montréal est très à l'ombre des USA et Bruxelles, de Paris. C'est de là, de la nécessité, que vient leur force, leur dynamisme."

---Un fan de Bruce Lee! Pour toutes ces raisons et parce que dans Starmania "la violence était trop poussée pour en faire un ballet", le metteur en scène a trouvé son inspiration... ailleurs.

---"Ce qui collait le plus pour moi, ce sont les films de Bruce Lee. La combinaison de la pureté des arts martiaux et leur côté acrobatique, spectaculaire. Pour mon casting des danseurs, j'ai choisi des experts en arts martiaux et en acrobatie. Puis j'ai demandé au chorégraphe Eduardo Torroja de mettre en forme ce vocabulaire-là."

---Attention, Furey ne nous a pas concocté un remake de Starmania à la façon Orange Mécanique: "La violence de Monopolis, c'est surtout la violence de la solitude."

---À un mois de la première québécoise de "son" Starmania, Furey ne cache pas son appréhension. "Est-ce que les Québécois vont l'aimer? Est-ce qu'ils ont le même rapport d'amour que les Français avec ce projet. En France, c'est le seul musical qui a marché, à l'exception du film Les Parapluies de Cherbourg.

---"Les journalistes qui sont venus voir Starmania à Paris ont été généreux, mais au Québec, ça n'a jamais aidé de dire qu'on a un succès en France... À Toronto, c'est pas pareil, on est ravis de présenter un succès de New York."

---Mais Starmania a en main un atout que ne possédait pas La Légende de Jimmy qui, comme en France d'ailleurs, n'a pas connu ici le succès escompté: des chansons fortes, que le public québécois connaît par coeur pour les avoir fredonnées mille et une fois: Le blues du businessman, Le monde est stone, Complainte de la serveuse automate...

---On s'en reparle bientôt.


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