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Ca y est pour Londres: Starmania devient Tycoon...
---C'est finalement lundi à Londres que sera lancé, sous le titre de Tycoon, la version anglaise de Starmania traduite par Tim Rice, entre autres auteur des comédies musicales Evita, Chess et Jesus-Christ Superstar. ---En attendant la présentation de l'intégrale sur scène londonnienne, au début de l'an prochain, l'album distribué par Sony Music retient quatorze des titres de l'opéra-rock de Michel Berger et de Luc Plamondon, créé sur disque en 1978 et sur scène à Paris en 1979. ---En plus du premier extrait paru il y a deux mois, Le Monde est stone devenue The World Is Stone dans la bouche de sa nouvelle interprète Cindy Lauper, l'album comprend l'autre chanson de la serveuse automate, Les Uns contre les autres, qui devient You Have To Learn To Live Alone, toujours dans la bouche de l'interprète du célèbre Girls Just Wanna Have Fun. ---Mais c'est Kim Carnes qui chante la Complainte de la serveuse automate même, sous le titre de Working Girl. ---Nina Hagen est l'interprète de Travesti, créée par Nanette, qui devient You Get What You Deserve, tandis que Ce soir on danse à Naziland, que chantait également Nanette au moment de la création, est reprise en anglais par Céline Dion, sous le titre de Tonight We Dance (Extravagance). Mme Dion étant également l'interprète sur ce disque d'Un garçon pas comme les autres, qui devient tout simplement Ziggy, comme chacun l'appelait. ---La dernière chanson féminine de l'album est Les Adieux d'un sexe symbole, et c'est Ronnie Spector, des célèbres Ronnettes, qui interprète ce titre identifié à Diane Dufresne sous le nom de Farewell To A Sex Symbol. ---Tom Jones dans le "Blues du businessman" Du côté masculin, les interprètes sont le vieux de la vieille Tom Jones dans Le Blues du businessman qui devient I Would Love To Change The World (The Businessman's Blues). ---Willy De Ville chante quant à lui Banlieue nord sous le titre de Nobody Chooses. Et Peter Kingsbery (ex-membre de Cock Robin) chante le S.O.S. d'un terrien en détresse sous le titre de Only The Very Best, et Egotrip sous le même nom. ---Les deux dernières chansons retenues pour cet album anglais sont Quand on arrive en ville, qui devient A Little Damage Done dans les bouches de Matt et Luke Goss, du groupe britannique Bros, et Les Enfants de la pollution, devenue Pollution's Child pour Kevin Robinson. ---Depuis sa création en 1978, Starmania a déjà connu quatre versions. Les Fabienne Thibeault, Diane Dufresne, France Gall, Nanette Workman et Claude Dubois restent les noms les plus connus de la première. La deuxième, montée au Québec en 1980, avec les Louise Forestier, France Castel et Gilles Valiquette, lançait déjà Martine St-Clair. De retour comme on le sait dans la deuxième version parisienne de 1988, aux côtés de Maurane, des frères Groulx et de Renaud Hantson. Entre-temps en 1986, au Festival de Lanaudière, une troisième version réunissait entre autres les Marie Carmen, Marie-Denise Pelletier et Jean Leloup. ---En allemand et en espagnol... Une version en allemand de Starmania a par ailleurs été créée à l'Opéra d'Essen, entre Cologne et Dusseldorf, le 14 février dernier, où l'on en a donné 25 représentations. ---La version espagnole, déjà faite, doit quant à elle être créée plus tard cette année à Madrid. ---Quant au deuxième opéra-rock de Luc Plamondon, La Légende de Jimmy que les Québécois n'ont toujours pas vu, il est maintenant confirmé qu'il sera présenté à la Place des Arts en novembre prochain. ---D'ici là, Sony Music du Canada, devrait avoir mis Tycoon sur le marché au Canada. La date de lancement prévue est le 15 août. |
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Le chanteur-compositeur français Michel Berger, en vacances depuis quelques jours à sa résidence de Ramatuelle, est décédé hier matin, à l'hopital de Saint-Tropez, à l'âge de 44 ans, des suites d'une crise cardiaque. Pris d'un malaise au cours d'une partie de tennis, celui qui a signé la musique de Starmania, en collaboration avec le Québécois Luc Plamondon pour les textes, avait été hospitalisé d'urgence dimanche soir.
---Celui qui partageait sa vie avec France Gall a deux enfants) était un des compositeurs attitrés de Françoise Hardy et Johnny Haliday et avait composé un opéra-rock Starmania. Il avait sorti le 15 juin son premier album commun avec France Gall, Laissez passer les rêves. ---Les plus grands ont chanté ses mélodies : France Gall bien sûr, Françoise Hardy, Johnny Hallyday pour Rock N' Roll Attitude, et même Elton John. Et deux grandes comédies musicales françaises, l'une qui fut un succès Starmania, l'autre un échec La légende de Jimmy, c'était également lui. ---"Le véritable point de départ de ma carrière en solo, c'était Starmania en 1979", disait-il. Premier opéra-rock francophone, écrit avec Luc Plamondon, et Michel Berger à nouveau en découvreur de talents : il y donne leur première vraie chance à Daniel Balavoine et Fabienne Thibault, contre les autres" ). ---Onze ans après Starmania, il écrit La Légende de Jimmy, sur le mythe James Dean. Créée à Mogador avec Diane Tell, cette seconde comédie musicale ne connaîtra pas l'explosion de Starmania. ---Plus d'une décennie plus tard, le succès de Starmania court toujours : l'Américaine Cindy Lauper vient de reprendre l'opéra-rock. ---Il avait écrit J'aurais voulu être un artiste... |
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Tycoon" : un bon coup de plumeau sur les chansons de Starmania
---Qu'ont en commun Kim Carnes et Cyndi Lauper ? Willy de Ville et Tom Jones ? Nina Hagen et... Céline Dion ? me disais-je en lisant le générique de Tycoon, la version anglaise du légendaire Starmania... ---Chanté par 12 artistes aussi connus... et opposés dans leurs démarches musicales respectives, Tycoon (l'homme d'affaires) propose 14 extraits anglais des 20 titres compris dans la version originale de Luc Plamondon et Michel Berger. ---Ravissante occasion pour passer un coup de plumeau sur ces chansons qui ont maintenant près de 15 ans ! L'adaptation anglaise revampe, pour ne pas dire peaufine et raffine, le matériel de Starmania, avec des arrangements audacieux, qui lorgnent parfois du côté du funk et même du western ! ---Les traductions de l'Anglais Tim Rice restent fidèles à "l'esprit" du texte de Luc Plamondon : mais Rice a éliminé avec bonheur plusieurs rimes faciles et détails anecdotiques (en anglais, vous ne verrez pas la serveuse automate s'en aller cultiver ses tomates !), brillamment "réécrit" plusieurs chansons dans une perspective beaucoup plus large (ainsi, "j'aurais voulu être un artiste" devient "j'aurais aimé changer le monde"). ---Ceci dit, le reste est question de goût : car si les interprétations de Dubois, Dufresne ou Thibault occupent notre mémoire auditive depuis une décennie, des artistes aussi marquants dans leur style que Willy de Ville ou Cyndi Lauper apportent chacun une touche unique aux pièces. ---Pour ma part, je retiens plus particulièrement Only The Very Best (SOS d'un Terrien en détresse) de Peter Kingsbery (chanteur de Cock Robin) ; l'étonnante interprétation très "comédie-musicale" du crooner Tom Jones sur I Would Love To Change The World (Le blues du businessman) ; ainsi que le charme de la voix éraflée de Kim Carnes sur Working Girl (La serveuse automate). Quant à Céline Dion (décidément, elle est partout celle-là !), un Ziggy (Un garçon pas comme les autres) à la limite du pleurnichage lui convient beaucoup mieux qu'un rock musclé comme Tonight We dance-Extravagance (Ce soir on danse à Naziland). ---J'aurais d'ailleurs préféré que cette dernière pièce soit chantée par l'excentrique Nina Hagen, qui retient trop ses vocalises à mon goût sur You Get What you Deserve (Travesti)... malgré tout fort bien rendu. |
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On a fait grand cas ces derniers mois de Tycoon, le pendant britannique du monumental Starmania, l'oeuvre-clé de Luc Plamondon et du regretté Michel Berger, l'opéra-rock dont les nombreuses productions, les chansons à succès et le passé glorieux ont marqué le paysage musical franco-québécois des quinze dernières années. On s'est dit: c'est formidable, l'ascenseur est enfin renvoyé, au tour des Anglais d'adapter nos oeuvres. Pas de quoi pavoiser, en vérité. Alors que Starmania était la comédie musicale de notre courte histoire, Tycoon est une affaire mineure. De seconde zone. De série B.
---Si les Sting, Sinéad O'Connor, Bono Vox, Elton John, Madonna, Phil Collins et autres Peter Gabriel s'étaient précipités sur les rôles comme sur du bon pain, il y aurait de quoi se péter les bretelles. En lieu et place, on n'a pas pu trouver mieux que des vedettes d'hier et d'avant-hier, des Kim Carnes, des Cyndi Lauper, des Tom Jones et des Nina Hagen qui s'accrochent à toutes les bonnes occazes dans l'espoir de relancer des carrières stagnantes, sinon moribondes. Si l'on considère que l'incontournable Celeeene Diiiionnn (sans accent aigu pour les Anglos), notre sous-Mariah Carey nationale, est la plus actuelle des interprètes recrutés, on mesure le manque à gagner d'une telle distribution. À l'époque du premier Starmania, Diane Dufresne, Claude Dubois, France Gall, Daniel Balavoine et cie étaient à l'avant-plan des scènes musicales québécoises et françaises. Pour le premier Tycoon, on a fait le tour des oubliettes. ---Remarquez, qui dit has-been ne dit pas deux de pique. Il y a de sacrés chanteurs et chanteuses dans ce lot de stars en solde. À bien y penser, il n'y a peut-être pas plus indiqué que Tom Jones, qui a plus de coffre que la Banque Royale, pour incarner le businessman et chanter son blues. Laisser l'ex-Ronette Veronica Ronnie Bennett-Spector et ses cordes vocales pornographiques s'en prendre aux Adieux d'un sex symbol (transposé en Farewell To A Sex Symbol) est une idée pour le moins alléchante. Cyndi Lauper, on le savait depuis Time After Time, est absolument capable de rendre la charge émotionnelle d'une chansons telle que Le monde est stone/ The World Is Stone. Willy Deville - Dieu le bénisse pour le fabuleux New Orleans Review qu'il m'a donné à La Rochelle cet été - se défend admirablement sur Nobody Chooses (Banlieue Nord). ---Toute mineure qu'elle soit, l'aventure Tycoon réunit, a priori, le talent qu'il faut pour gagner honorablement sa croûte. Seulement voilà, les arrangements, exécrablement high-tech, gâchent tout. I Would Love To Change The World (The Businessman's Blues), par exemple, n'a absolument pas l'envergure nécessaire, malgré les efforts de Tom Jones. Affadie par les synthés, la chanson ne lève jamais. Et les textes anglais du très réputé Tim Rice, complice d'Andrew Lloyd Webber et auteur d'Evita, trahissent dans une large mesure le propos de Plamondon. À commencer par cette inqualifiable réduction de Starmania en Tycoon. Starmania, pourtant, se prononce bien en anglais et résume idéalement l'opéra-rock, alors que Tycoon fait plutôt penser à un armateur grec, genre Onassis ou Rastapopoulos, et pas du tout à Zéro Janvier. ---Plus grave encore, entre Ce soir on danse à Naziland et Tonight We Dance (Extravagance), on a biffé - pour ménager les sensibilités anglo-saxonnes, j'imagine - la connotation hitlérienne qui faisait toute la force du texte. Pour tout dire, le travail de Rice sent la commande à plein museau.Tycoon n'est pas sans intérêt. Le seul fait que l'on se soit intéressé à Starmania en dehors de la francophonie est un événement en soi, une percée, aussi timide soit-elle, qui entrouvre des portes que l'on croyait à jamais verrouillées. Mais de là à en faire un rêve devenu réalité, il y a une marge, la même marge qui sépare, disons, un Sting ou un David Bowie de l'ex-Cock Robin Peter Kingsbery, petit chanteur de rien du tout qui hérite inexplicablement de deux chansons sur Tycoon. Il n'y a certainement pas de quoi consacrer tout un chapitre à Tycoon alors qu'il ne s'agit que d'une simple note de bas de page dans le grand livre d'or de Starmania. Et rien d'autre qu'un fait divers dans l'histoire de la comédie musicale britannique. |
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Sauf très grande surprise, la question n'est plus de savoir si la nouvelle production de Starmania, dont la première officielle a lieu mercredi prochain au théâtre Mogador, sera un triomphe.
---Malgré l'énormité du budget, malgré l'absence totale de vedettes, le producteur Gérard Coulier n'a guère d'inquiétude sur la rentabilité de l'entreprise. Mogador (1200 places) a été réservé pour quatre mois ; la production équilibre après trois mois tout juste. ---Ce qui paraît une formalité pour la comédie musicale "française" la plus célèbre depuis Irma la douce dans les années 50. Ou plutôt la seule avec Irma à constituer un véritable succès international. En 1989-90, le spectacle joua six mois au théâtre de Paris, puis un an à Marigny, avant de faire quelques supplémentaires à guichet fermé au Zénith (7000 places). Comme le dit Luc Plamondon, "nous aurions pu nous installer pour des années dans un théâtre à Paris... s'il avait existé un théâtre disponible". ---La question est plutôt de savoir quelles seront les retombées de cette nouvelle production que Luc Plamondon annonce "flamboyante". Y aura-t-il une nouvelle flambée des ventes de l'album (déjà vendu à un million d'exemplaires)? Verra-t-on surgir de nouvelles vedettes, de la même manière qu'en 1979, la production du Palais des Congrès "créa" Fabienne Thibault et Daniel Balavoine, ou qu'en 89-90, Marigny lança Maurane et, dans une moindre mesure, Martine Saint-Clair? Et surtout: la version anglaise de Tim Rice, qui jouera tous les vendredis sous le titre de Tycoon, va-t-elle emporter l'adhésion d'un producteur londonien, comme cela se prépare depuis quelques années sans se concrétiser? ---"Londres constitue à ce point la Mecque du musical me dit Plamondon, que si Starmania s'y installe, ce sera la consécration mondiale, de Broadway à Tokyo. Mais justement, comme les producteurs londoniens dans ce domaine misent sur des carrières de dix ans ou davantage, ils mettent des années s'il le faut à boucler une production." ---Depuis longtemps, Starmania a cessé d'être comme en 79 cet énorme vaisseau spatial mégalo et démesuré dont on ne savait pas s'il allait atteindre l'autre rive. Aujourd'hui ça ressemblerait plutôt à un porte-avions impérial qui écrase tout sur son passage, et multiplie les attaques aériennes et les lancers de missiles. ---Derniers raids couronnés de succès: une production en langue allemande l'année dernière et la sortie d'un album, en anglais, avec 13 chansons interprétées par de grandes vedettes internationales -dont Cyndi Lauper, qui a refait un tube avec Stone. Pendant ce temps, quelques salves clairsemées sont en train de donner une production en espagnol à Madrid, une en hongrois à Budapest, une troisième en tchèque à Prague. ---Indépendamment de son succès -en principe acquis d'avance- auprès du public parisien, l'enjeu principal de cette 5e production en français (deux à Montréal, trois à Paris) est cette fois la planète anglo-saxonne. Avec Tim Rice, Luc Plamondon a obtenu comme adaptateur le roi incontesté du "musical", l'auteur de Cats, Evita, etc., bref des plus grands succès internationaux des vingt dernières années. ---La mise en scène de Lewis Furey est, paraît-il, à la fois bruyante, spectaculaire, et d'esprit anglo-saxon (Lewis Furey a fait la mise en scène des spectacles de Carole Laure, des clips musicaux très remarqués dans le monde professionnel). ---"C'est une mise en scène très ambitieuse, beaucoup plus extravagante que celle que nous avions faite en 89, dit Plamondon. Il y a des danseurs-acrobates extraordinaires, tout comme le sont les costumes de Philippe Guillotel, le créateur du défilé du 14 juillet de Jean-Paul Goude en 1989. C'est de la BD à un très haut niveau." Et un spectacle délibérément international. ---Hypothèse basse : Venus du Japon, d'Amérique latine ou d'ailleurs, les pontes du show-biz international seront séduits par cette grosse production professionnelle de Tycoon, d'autant plus qu'elle se joue dans "la" langue musicale planétaire, l'anglais. "La version anglaise du vendredi soir est d'abord conçue comme un showcase en direction des professionnels, dit Plamondon. Même si à Paris, bien entendu, cette version se vend aussi bien que la française." ---Hypothèse haute : La production Coulier, avec la mise en scène de Lewis Furey, décors et costumes inclus, devient la version de référence, qu'on achète en bloc pour Buenos-Aires ou Tokyo. Et qui sait? peut-être même Londres. On n'en est pas là, mais tel est bien l'objectif de guerre de cette grande opération. ---"De toutes manières, dit Plamondon, il n'y a pas besoin de justification particulière pour monter à nouveau Starmania, qui pour l'instant n'a joué "que" deux ans à Paris et en tournée." ---En 1977, Luc Plamondon n'était encore que le parolier de Diane Dufresne: c'était énorme, parce que celle-ci jouissait depuis son apparition en France d'une très grande estime des milieux professionnels. C'était également un handicap. À ce moment-là, il avait reçu un téléphone de Michel Berger, compositeur brillant et à succès, qu'il n'avait jamais rencontré de sa vie. ---Selon Berger, seul Plamondon -et non pas un Français- pouvait écrire le texte d'un musical moderne et futuriste. Le pari fut tenu. Et Plamondon devint dans les années 80, dans la foulée de Starmania, l'un des deux ou trois paroliers français les plus recherchés et couronnés à Paris (Julien Clerc, Lara, etc.). ---Aujourd'hui, à la suite de la disparition de Michel Berger -qui était tout de même le plus connu, parce qu'il était aussi chanteur- Luc Plamondon est tout bonnement devenu une vedette du tout-Paris, pour ne pas dire du grand public. C'est lui qui fait les radios, les télés, les reportages-photos pour la nouvelle version de Starmania. ---Non seulement la moitié des grandes vedettes de la chanson lui demandent -en vain souvent- de leur faire des textes, mais encore il mène les affaires de main de maître dans son domaine. Pour le spectacle qui commence officiellement mercredi prochain, il a d'abord imposé -sans difficulté- Lewis Furey comme metteur en scène. Puis Alain Lortie pour les éclairages. Puis presque toute la distribution: avec Patsy Gallant, Luce Dufault, Judith Bérard, Jasmine Roy, Bruno Pelletier, Michel Pascal, les chanteurs québécois raflent la quasi-totalité de la distribution. ---"C'était d'autant plus naturel, dit le parolier, que pratiquement seuls les chanteurs québécois sont parfaitement bilingues. Et c'est au Québec qu'on trouve les chanteuses avec des voix." Il n'en reste pas moins que six chanteurs parfaitement inconnus se trouvent de cette manière sous les feux des projecteurs parisiens pendant quatre mois: une occasion incroyable qui a déjà réussi à Fabienne Thibault et à la Belge Maurane. ---Starmania n'est plus seulement une oeuvre: c'est une entreprise colossale qui n'en finit plus de faire des petits. |
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J'ai passé le long week-end de l'Action de Grâce en France. Juste le temps d'aller voir un spectacle à Paris: j'ai dû choisir entre Les nouvelles aventures de Courtemanche qui cartonne, comme disent les Français, au Théâtre du Gymnase jusqu'en janvier, et la nouvelle version, très cartoon haut de gamme de Starmania dans la mise en scène de Lewis Furey au théâtre Mogador à Paris car, immédiatement après la représentation, je devais me rendre au troisième Festival de cinéma québécois de Blois, dans la belle région de la Loire, à environ deux heures de Paris.
---J'ai été ravie de constater que c'est reparti de plus belle pour Starmania. C'est une production musicale qui semble éternellement futuriste, et plus encore dans cette cinquième édition en français. ---J'ai la chance de suivre la constante évolution de Starmania depuis sa création, car j'y étais le jour de mon anniversaire le 14 avril à Paris en 1979. Je vous jure que cette fois c'est une production tellement différente visuellement que l'on a l'impression de voir le spectacle pour la première fois et de redécouvrir les textes, car chaque air est littéralement ciblé, bien cerné par les éclairages sophistiqués d'Alain Lortie (sur fond noir). ---Les arrangements musicaux de Jeff Fisher sont moins lyriques, plus métalliques, plus hard. Ça donne un opéra-rock rajeuni et plus bande dessinée que jamais. Il y a de nombreuses trouvailles dans cette relecture de Lewis Furey en 36 tableaux: plus d'annonceur mais un super-robot, un train électrique, un portrait géant animé par des écrans de télévision, des étoiles noires qui flyent pour vrai, sur trapèzes élastiques. C'est hallucinant! ---Les danseurs sont de formidables acrobates et ils ont de l'espace en masse pour s'envoyer en l'air, car en fait les décors ne font que passer d'un tableau à l'autre. Ça roule! Les décors sont comme des costumes mobiles: un piédestal avec glissoire pour Patsy Gallant, un bar-coquille pour Luce Dufault, un énorme bloc de gratte-ciel qui avance et dont on ne voit sortir que la tête de Michel Pascal au début et j'en passe! ---Il faut voir les costumes extravagants et outrageusement punk, même pour la serveuse automate et le businessman, créés par le Français Philippe Guillotel (cérémonies des J.O. d'Albertville); c'est pas joli et loin d'être seyant mais chacun est... spectaculaire. |
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Et c'est reparti pour un autre tour : pratiquement 15 ans après sa création, Starmania vient de s'installer pour 100 nouvelles représentations au Théâtre Mogador, à Paris.
---C'est le Montréalais Lewis Furey qui a signé la mise en scène de cette troisième version parisienne de l'opéra-rock de Luc Plamondon et Michel Berger. Il a cherché à recréer un Monopolis de bande dessinée, dans lequel des personnages comme Stella Spotlight ou Zéro Janvier, le millionnaire qui aurait voulu être un artiste, mesurent trois mètres... ---"Lewis Furey a réussi une mise en scène vraiment `cartoon'", expliquait Plamondon quelques heures avant la première de presse. "Il a fait une relecture visuelle complète. Il nous a montré la BD musicale que Michel Berger et moi avions voulu créer. C'est sans doute la version la plus imaginative et la plus excitante de toutes." ---Au travail de Furey (le compagnon de Carole Laure) s'ajoutent les costumes de Philippe Guillotel (créateur du défilé du bicentenaire de la Révolution en 1989) et la chorégraphie d'Eduardo Torroja, qui mêle vaguement acrobaties et arts martiaux. ---La distribution - bilingue - est essentiellement québécoise. Elle comprend Luce Dufault, Judith Bérard, Jasmine Roy, Bruno Pelletier, Michel Pascal, Franck Sherbourne et Patsy Gallant dans le rôle de Stella Spotlight. ---Reste à voir maintenant ce qu'en diront les critiques. En tout cas, l'accueil semblait généralement positif, même si, à l'entracte, quelques spectacteurs admettaient avoir trouvé le spectacle "un peu mince" ou "un peu prétentieux". ---Quoi qu'il en soit, le succès de cette nouvelle production semble acquis à l'avance. Le disque de "Tycoon", la version anglaise de Starmania, avec, entre autres, Cindy Lauper chantant Stone, a relancé la machine, entraînant avec lui Starmania première version, déjà vendu à plus de un million d'exemplaires. On ne voit pas pourquoi Starmania III (cinq en comptant les deux productions montréalaises) ne marcherait pas aussi bien. ---Cette nouvelle version a coûté cher : la facture s'élevait à environ 2 millions $, laisse-t-on entendre, avant même que n'ait résonné la première note devant le public du Théâtre Mogador. Avec les coûts de fonctionnement, elle atteindrait les 5 millions $. Tout cet argent sera récupéré au bout de 100 représentations. Le producteur de Starmania, Gilbert Coulier, qui produit aussi Roch Voisine, a réservé le Mogador et ses 1500 places jusqu'au 2 janvier. ---Signée par le champion des "musicals" londoniens Tim Rice (l'adaptateur de Cats) "Tycoon", la version anglaise et "internationale" de Starmania, sera présentée chaque vendredi. C'est là surtout que réside le véritable enjeu : Luc Plamondon espère que la nouvelle production séduira Londres, avant de faire le tour du monde, comme Cats ou les Misérables. "Tim Rice a vu la mise en scène de Lewis et il l'a beaucoup aimée", a raconté le parolier. Si les choses finissent par débloquer, "Tycoon" pourrait être montée dans la capitale anglaise dès le printemps prochain ou alors l'automne suivant, espère Plamondon. ---L'énorme succès de Starmania pourrait alors se transformer en consécration mondiale. D'abord créé en 1979 à Paris puis repris en 1989-90 pendant un an et demi à guichet fermé, joué en allemand, en espagnol, en hongrois et en tchèque, l'opéra-rock de Plamondon-Berger pourrait parcourir la planète en anglais pendant encore une décennie ou deux... ---L'auteur québécois n'a peut-être pas fini de s'étonner de l'âge de son public. "Les avant-premières ont été triomphales, a raconté le parolier. Il y avait beaucoup de jeunes de 16-17 ans. Ça fait drôle de penser qu'ils étaient à peine nés quand j'ai écrit Starmania. Je trouve ça touchant." |
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La troisième version parisienne de Starmania fait un malheur.
---L'opéra-rock de Berger-Berger mis en scène par Lewis Furey est présenté à guichet fermé depuis le premier octobre au Théâtre Mogador (1800 places). Et on annonce maintenant deux mois de prolongation, jusqu'au premier mars, et peut-être au-delà. " Les billets sont introuvables. On vend les marches, raconte le parolier Luc Plamondon. Le public est en délire. Chaque soir, il y a 12 rappels. " ---Tycoon, la version anglaise de Starmania signée par le roi anglais du " musical " Tim Rice, remporte un succès plus mitigé. Le vendredi soir, pour l'unique représentation hebdomadaire en anglais, la salle n'est jamais pleine, en dépit de l'énorme succès de Tycoon sur disque. Curieusement, c'est plutôt une bonne surprise. " La moitié des spectateurs ont moins de 20 ans, dit Plamondon. Ça me rassure de constater que les Parisiens, les jeunes surtout, choisissent la version française. " ---Tycoon quittera l'affiche dans deux semaines. Le spectacle, présenté comme un " show case ", a maintenant fait ses preuves, estime-t-on. Plusieurs producteurs anglais et américains l'ont vu et veulent le montrer. Il s'agit désormais de " faire le bon choix ", d'arrêter la bonne stratégie, car les enjeux sont énormes. " Maintenant, le show existe, explique le parolier. On peut attendre un an de plus avant de le monter à Londres parce que quand il y sera, ce sera pour dix ans. On ne veut pas se tromper. " ---Entre-temps, à Paris, il est difficile d'ouvrir la radio sans tomber sur une des chansons de Starmania, toutes versions confondues. La télévision a elle aussi fait largement écho au spectacle : la troupe (formée de Luce Dufault, Judith Bérard, Jasmine Roy, Bruno Pelletier, Michel Pascal, Franck Sherbourne et Patsy Gallant) a été accueillie sur le plateau des grandes émissions de variétés, celle de Michel Drucker notamment. ---La presse écrite a été plus réservée. Il y a bien eu quelques articles annonçant le retour de Starmania, mais très peu de critiques. Libération, l'Événement du Jeudi et l'Express n'ont pas du tout aimé le spectacle, dit-on, mais ont préféré ne pas en parler que d'en dire du mal. Luc Plamondon et Michel Berger (aujourd'hui décédé) sont apparemment devenus intouchables. ---Les rares critiques sont donc très bonnes. Le Figaro a adoré la mise en scène de Lewis Furey, conçue " comme une bande dessinée futuriste ". " Sa version, a jugé le quotidien, est une vraie réussite, qui tient tout à la fois à la puissance et au réalisme des tableaux qu'à la cohésion et au talent de la troupe. " Le journal n'a que de bons mots pour les interprètes, à l'exception de Patsy Gallant, " un peu faible dans la reprise des Adieux d'un sex-symbol immortalisés naguère par la délirante Diane Dufresne ". ---La critique du Quotidien de Paris a été dithyrambique. " Le spectacle est grandiose. Inoubliable. Par sa mise en scène dépouillée mais terriblement efficace. Par ses danses qui tiennent surtout d'acrobatie à couper le souffle. Par ses chansons à succès indémodables, aux thèmes cruellement d'actualité sur le mal de vivre dans les cités et la montée des pouvoirs totalitaires. " ---" Quand aux voix, elles sont exceptionnelles, a ajouté Le Point. Avec un hourra particulier pour Bruno Pelletier. Quel bonheur de sortir d'un spectacle en chantant, en dansant, les mains rougies d'avoir applaudi. " ---Le Journal du Dimanche estime que grâce à Lewis Furey, Starmania a enfin eu droit à une mise en scène " digne de ce nom ". " La folie de Furey lui confère aujourd'hui une nouvelle dimension, Starmania cessant d'être un tour de chant vaguement scénarisé, pour devenir enfin un vrai spectacle. " ---Le Figaro Magazine est le seul à avoir nuancé son jugement. L'hebdomadaire estime que les mélodies restent " superbes et hors du temps " mais que la nouvelle version " surprend un peu ". " Lewis Furey a rendu l'ensemble plus artificiel, moins chaleureux (...), d'autant que l'orchestration très synthétique couvre les voix. " Le magazine juge quand même qu'il s'agit d'un " vrai et beau spectacle ", qu'il vaut mieux ne pas comparer avec les précédents " tant l'ambiance est différente ". |
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